L’écologie est le nouveau combat de notre époque. Un combat nécessaire et indispensable. Mais, pour un combat, il faut des ennemis et les écologistes en cherchent tous azimuts. C’est ainsi que nous autres golfeurs, sommes parmi leurs cibles privilégiées. Mais, pourquoi tant de haine ?
Si d’aventure, au cours d’un dîner, vous étiez pris à parti par l’un de ces nouveaux chevaliers, vous aurez besoin d’arguments pour vous défendre et rétablir la vérité.
Alors dites-leur que les écologistes n’ont pas le monopole de l’amour de leurs enfants et petits-enfants. Ils ne sont pas les seuls à vouloir leur laisser une planète propre en héritage. Et, pour le cas où ils auraient encore des doutes, dites-leur bien que les produits chimiques, l’eau mal gérée et toutes ces gabegies écologiques, font bel et bien partie du passé. Et ceci pour une autre raison, imparable celle-ci : nous devons aujourd’hui gérer nos golfs au plus près financièrement, et n’avons plus les moyens de ces dépenses outrancières.
Nos habitudes ont beaucoup changé en matière de consommation d’eau sur les golfs. Jadis, on utilisait l’eau « du robinet »
sans compter. Mais avant de jeter la pierre aux golfs, il faut se souvenir qu’il en était de même dans toutes les entreprises, ainsi que dans les foyers. Qui n’a pas le souvenir d’un grand-père qui ouvrait tous les soirs d’été le robinet vers un système de rigoles baignant ses pieds de tomates jusqu’à plus soif ? Sans aller si loin, que les frileux (ses) qui se mouillent sous la douche et laissent couler inutilement des litres d’eau, chaude de surcroît, pendant qu’ils se savonnent, lèvent le doigt... Alors qu’il suffirait de couper l’eau pendant ce laps de temps pour faire d’énormes économies si l’on multiplie les quelques litres de chacun par le nombre de frileux de part le monde civilisé. Les exemples de gaspillage ne manquent pas. Mais, s’il y a un endroit où l’on fait aujourd’hui, très attention à l’eau, c’est bien dans les golfs.
Plus question d’utiliser l’eau du réseau. Trop cher ! On récupère les eaux de pluie et de ruissellement. On pompe après les stations d’épuration. Les architectes créent des bassins qui servent à stocker l’eau et rentrent parfois en jeu.
Pour le green keeper d’aujourd’hui, technicien de plus en plus formé et compétent, l’arrosage est une part importante du budget alloué à la gestion du terrain et les moyens techniques aident à la diminuer. Le challenge de l’homme de terrain est de toujours préserver la plante et ses racines en lui garantissant un minimum vital en eau. De nouvelles graminées moins consommatrices en eau font leur apparition.
Cela dit, il faut nous habituer à jouer sur des fairways de plus en plus jaunes et secs, voire sur des tertres de départ en synthétique.
De nos jours, les green keepers disposent de systèmes précis et performants, pilotés par des logiciels dédiés. Ils peuvent adapter l’arrosage afin de préserver les réserves en eau du sol en fonction des variétés d’herbes, de la saison, de la pluviométrie, de l’humidité, de leur situation géographique, etc.
L’arrosage maintenant entièrement automatique est informé par des appareils qui permettent de mesurer les précipitations, gérer les quantités (les sondes d’humidité), couper l’eau lorsqu’un certain débit est atteint (débitmètres), couper l’eau en cas de pluie.
Un golf peut même sous-traiter le management de l’arrosage pour qu’il soit géré à distance par la station météo la plus proche.
Les golfs qui s’équipent de ce genre de système, obtiennent facilement plus de 30% d’économie sur l’eau dès la première année. Plus encore en affinant les réglages avec l’expérience, en les ajustant plusieurs fois dans l’année. Un pourcentage important, tant d’un point de vue économique qu’écologique.
La gestion de l’eau en amont.
Pour les architectes, c’est aussi un aspect très important dans leur dossier de création. Pour exemple, la demande d’autorisation au titre des articles L. 214-1 à L. 214-6 du Code de l’environnement déposée par Yves Bureau pour le golf de Bressuire ne fait pas moins de 131 pages avec, en plus, une douzaine de plans en annexe. Tout y est étudié à la loupe, de la libre circulation des espèces aquatiques au transit des sédiments. Même les hauteurs des passerelles que nous emprunterons avec nos chariots sont calculées au centimètre près. On prévoit de gérer les incidences sur la qualité des eaux superficielles et souterraines, sur la ressource en eau, sur l’écoulement, sur les usages de l’eau et des milieux aquatiques, sur les milieux naturels, sur la santé, et la sécurité publique évidemment, ceci pour le projet.
Mais on étudie aussi afin de les annihiler, les risques de pollution des eaux en phase travaux. Les «fines» (particules de poussière terreuse) sont filtrées avec des bottes de pailles et récupérées afin qu’elles ne partent pas dans les eaux d’écoulement.
Une part importante du dossier est consacrée à la gestion des eaux usées, la gestion quantitative et qualitative des eaux pluviales. On prévoit aussi nombre de mesures compensatoires comme la restauration hydro-écologique d’un ruisseau ou le nettoyage d’un bras mort et la compensation «a minima» des surfaces éventuellement supprimées par la création d’au moins autant de surfaces équivalentes.
En conclusion, contrairement à ce que clament, souvent sans vraiment connaître le dossier, les adversaires par principe des golfs, l’eau y est véritablement respectée.