L’histoire du golf

14 - 02 - 2016

Saint Andrews a fêté il y a peu, les 600 ans de notre sport favori, nous vous proposons un petit retour sur l’histoire. Partout sur la planète depuis des siècles et même des millénaires, l’homme joue ! Mais admettons-le une bonne fois pour toutes, nous ne savons que peu de choses sur les origines du golf. Il semble venir de partout à la fois. Tout bonnement parce que c’est un jeu simple et humain au sens profond du terme. Mais, comme de nos jours le golf génère beaucoup d’argent, il s’agit d’une affaire de gros sous et chacun voudrait tirer la couverture à soi. Alors ils sont nombreux à revendiquer la paternité du golf et tout aussi nombreux à affirmer en connaître les origines. Notre sport fait couler beaucoup d’encre. Il suffit qu’un site précise sur internet que le golf est né ici ou là car un document daté de telle ou telle année en atteste l’existence et c’est parti, le golf prend telle ou telle nationalité. Si ce n’était pas si ridicule, cela pourrait être amusant. Mais le problème c’est que ces informations diffusées sur internet ne sont pas toujours vérifiées. La presse qui les relaye n’a plus ni le temps, ni les moyens, de les vérifier. Suivant les articles, elles se contredisent. Non, le golf n’est pas plus né en Hollande qu’ailleurs ! Toutes nos excuses à nos amis bataves, mais il semblerait que le jeu de « Kolt » hollandais se pratiquait déjà en Chine avant qu’on en trouve une trace au Pays-Bas. Peut-être sous une forme légèrement différente, mais pas plus que le kolt n’était différent de la chôle, appelée « crossage » de nos jours en Belgique, qui se pratique encore et qui est au moins aussi ancienne. Et dont le nom à la même racine sonore pour peu que dans le Nord on prononce des « ch » comme des « k » ce qui est le cas. On aura beau faire, dire et écrire, les origines du golf sont universelles, elles appartiennent à tout le monde.

En revanche, le golf tel que nous le connaissons de nos jours a une histoire bien réelle avec des règles dont on connaît l’origine, des créations de parcours dont on connaît les dates, des champions dont on connaît les noms et les exploits.

Nous pouvons discerner deux périodes : Un « Avant » et un « Après ».

Avant le golf, qu’y avait-il ?

Si l’on n’en sait pas grand chose, on se doute que les hommes de ces époques lointaines travaillaient dur et éprouvaient parfois le besoin de se détendre, tout comme nous après une bonne semaine de travail.

Alors, ils prenaient ce qu’ils avaient sous la main. Il n’est pas difficile d’imaginer un berger, fût-ce-t-il Ecossais, Hollandais ou Calaisien qui tout en gardant son troupeau dans la lande, éprouve le besoin de pousser du bout de son bâton un petit caillou rond qu’il envoie pour se donner un but vers un arbre ou un gros rocher, ou bien dans un trou de lapin. La nuance est importante car la principale différence entre le golf et la plupart des jeux dont il pourrait descendre est justement le trou. Avant l’invention du trou, on jouait la balle vers une cible. C’est une image d’Epinal pour nous autres golfeurs. Et puis cet amusement rustique a trouvé auprès des citadins des formules plus évoluées.

En France, on pratiquait le jeu de mail appelé aussi Pall Mall.

Si nous connaissons tous au moins de nom la porte Maillot à Paris, ou le Pall Mall de Londres, il n’en existe pas moins le Palmaille de Hambourg ou le Maliebaan d’Utrecht et avec eux d’innombrables rues du Mail un peu partout en France. Car ce jeu dans lequel on utilisait une « maille » ou maillet pour lancer une balle de buis ou de néflier dans un arceau fait d’une paille était très répandu en France. Son nom de mail, de paille-maille ou palemail donne pall mall en anglais. Un texte en latin datant de 1416 atteste de la pratique ancienne de ce jeu. Un certain Pierre de Bourdeille, plus connu sous le nom Brantôme, abbé séculier, écrivain, soldat et chroniqueur français du XVIème siècle nous apprend que le grand roi Louis XIV (1638-1715) détestait la paume, mais, qu’en revanche il adorait le mail. Le terrain des Tuileries fut d’ailleurs agrandi sous son règne. Son prédécesseur Henri II (1519-1559) était également un excellent joueur de mail.

Reconnu pour être à l’origine du golf, du croquet et même du billard, ce jeu fut pratiqué dans le midi de la France jusqu’au début du 20ème siècle (Aix-en-Provence, Montpellier où un collège s’appelle : «Collège du jeu de mail» ).

On peut le jouer de plusieurs manières. Le « grand coup » est l’équivalent du concours de drive qui consiste à envoyer la balle le plus loin possible. Les meilleurs pouvaient dépasser la marque des 200 pas (le pas sous l’ancien régime mesurait 0, 62 mètres). Le « rouët » se jouait avec plusieurs balles (quatre balles), la « partie » avec des équipes (foursome) et la « chicane » plus semblable aux règles classiques et actuelles du golf, voyait gagner celui qui atteignait un but défini avec le moins de coups possibles.

Le roi James Premier d’Ecosse, il y a presque 600 ans, avait interdit le jeu de football afin que ses troupes et ses archers en particulier restent concentrés sur l’entraînement. C’était en 1424. Trente ans plus tard, en 1457, le roi James II (ou Jacques II) confronté au même problème que son père interdira non seulement le football mais également le golf (ou gowf comme on disait en Ecosse). C’est la première trace historique de la présence du golf en Ecosse et elle prouve que ce sport s’est considérablement développé depuis 1424, époque où il n’était pas assez pratiqué pour distraire les archers du roi. Mais l’Ecossais est entêté et le golf tenace car James III devra à nouveau bannir le golf en 1471 de même que Jacques IV en 1491. Il était certainement déjà présent en Ecosse depuis longtemps. Et d’après les Français, peut-être même depuis 1421-1422. Le 21 mars 1421, les 3000 hommes de l’armée anglaise du duc de Clarence sont défaits à Baugé (Maine-et-Loire/ France) par une coalition Franco-Ecossaise dirigée par Motier de la Fayette et le comte écossais John Stuart de Buchan. Les troupes écossaises ayant assisté dans le Maine-et-Loire à une partie de soule ou de chôle, ou encore choule, auraient introduit ce jeu dans leur pays.

On trouve la première référence à la chole dans les Flandres en 1353 (peut-être même en 1262 dans un testament). Une ordonnance française de 1369 évoque le jeu de crosse fort commun en Belgique et en France : « car les seigneurs ne le dédaignaient point ». Pratiquée dans le Nord de la France et dans la région d’Angers, elle se joue à l’aide d’une crosse en bois. On projette une balle en bois vers une cible. Sur d’anciennes iconographies bourguignonnes (les Flandres appartenaient au duché de Bourgogne) on voit des hommes s’adonner à ce jeu avec des sabots munis d’un manche tenu à deux mains. Il en existe une description dans Germinal de Zola (livre IV, chapitre 6). Encore pratiqué dans le Nord de la France, la chôle se joue dans les champs après les cultures, en hiver ou dans les rues. Ce sport se joue à l’aide d’une crosse appelée également canne ou club qui comporte un « fût », c’est dire le shaft en bois de hêtre avec une poignée « le manche » et un « fer ». Cette tête métallique a deux faces, le « plat » pour jouer la soulette (balle) lorsqu’elle a un bon lie et le « pic » qui est arqué est qu’on utilise lorsque la balle est dans une ornière.

Pendant ce temps, en Hollande, on joue au Het Kolven, un jeu similaire. Ce jeu se pratique aujourd’hui en indoor, mais on en trouve des traces très anciennes également et notamment dans l’histoire de Loenen aux Pays-Bas où il fut joué en 1297 pour commémorer la capture de l’assassin du roi Floris V, un an auparavant. Nous l’avons vu, dans le nord de la France, on remplace souvent le « ch » par un « K », il n’y a plus qu’un pas linguistique de Chole à Kole ou Kolven ou gowf ou encore golf.

Alors Ecossais, Français ou Hollandais ? Si l’on en croit toutes ces références la question est légitime. Mais si l’on pousse un peu plus loin, le débat se complique car c’est en Flandres, donc en Bourgogne qu’apparaît la première trace écrite concernant le jeu le plus approchant du golf de nos jours. Ce serait sans compter avec la paganica. Le poète latin du premier siècle, Marcus Valerius Martialis s’en fait l’écho (ainsi que d’autres jeux de balles comme le trigon et le follis). Cette balle de duvet recouverte de cuir est utilisée pour jouer avec un bâton courbé, par les paysans (pagani) dans la Rome antique. En cherchant un peu dans les pays plus lointains, on trouve aussi des jeux de balle similaires au golf comme le shinty en Amérique du Sud.

Le Teto Ti-Khi au Laos est une sorte de hockey ou polo. Il se joue lors de fêtes religieuses ou pour les ouvertures des mines de sel, matériau noble par excellence. La boule est souvent offerte à Bouddha à l’issue du jeu. Suivant les lieux et les époques, on le joue avec le corps, la balle touche, le coude, le genou ou la cheville. A Ban Keun, une clause spéciale oblige le joueur qui rate la balle à s’allonger au sol pour mimer un coït avec Nang T’orani, la déesse de la terre. Vous imaginez le tableau en cas d’air shot au départ du 1 devant le club house ? (rites et cérémonies en milieu bouddhiste lao/ Marcello Zago et le bulletin de l’école française d’Extrême-Orient de Charles Archaimbault daté de 1956).

Puisque nous sommes en Extrême-Orient, il nous faut mentionner le chuiwan. Ce mot signifie littéralement « frappe de balle ». Il est décrit dans un écrit intitulé : «Dongxuan lu» commis par Wei Tan (1050-1100), il parle d’un homme qui enseigne à sa fille comment creuser des trous dans le sol et y envoyer des balles. Les Song (du Nord et du Sud de 960-1279), les Yuan (1271-1368) puis les Ming (1368-1644) y jouaient. On connaît un tableau du XVème siècle représentant l’empereur Xuande (1398-1435) cinquième empereur de la dynastie Ming jouant au chuiwan (photo ci-dessus). Alors, les chinois prétendent que ce sont les Mongols qui ont exporté le chuiwan vers l’Ecosse où il est devenu le gowf ?

En conclusion, on peu dire que l’homme s’amuse à pousser des objets ronds avec un bâton depuis des siècles et sur tous les continents. On peut également dire que le golf actuel a eu de nombreux ancêtres de par le monde. Certains ont disparu, d’autres se pratiquent encore. Mais ce jeu qui consiste à envoyer une balle à l’aide de clubs vers un trou dans le moins de coups possibles et qu’on appelle le golf est vraiment né quelque part.

Et soudain naquit le GOLF !!!

Pour ce qui est de « l’avant golf », les arguments s’accumulent en faveur de nombreuses paroisses. Chacun réclamant sa paternité avec des arguments plus ou moins légitimes, l’affaire pourrait vite devenir clochemerle. Si nous ne pouvons définir un lieu et une date de naissance précise, pour le golf en général, en revanche, on sait très bien quand et où est né notre golf actuel. Car un jeu n’est pas un jeu sans une règle du jeu. Et la première règle du jeu de golf, est apparue à Leith en Ecosse en 1744. Elle comportait exactement 13 articles numérotés suivis de 2 amendements. Quelques années plus tard, la première règle de golf officielle inspirée de la première mouture, celle qui fait acte de naissance du jeu de golf lui-même, voit le jour à Saint Andrews. A quelques kilomètres d’Edimbourg, le 14 mai 1754, ce sport qui est aujourd’hui la vraie passion de millions de joueurs dans le monde était enfin structuré. C’est donc indiscutablement en Ecosse, dans la région d’Edimbourg, et plus précisément à Saint Andrews que le golf que nous pratiquons de nos jours et que nous aimons est né. Fermez l’ban !

 

 

Les premiers parcours

A Musselburg, dans les environs d’Edimbourg en Ecosse, le 2 avril 1744 est organisé le premier tournoi de golf.

Le premier parcours créé hors d’Ecosse est Blackheath près de Londres en Angleterre 1766. Manchester 1818

 

Les premiers hors des îles Britanniques

Calcutta en Inde 1829 (The Royal Calcutta golf club).

Australie en 1839 (The Bothwell golf club en Tasmanie).

Bombay en Inde 1842 (The Royal Bombay golf club)

 

Le premier parcours sur le continent européen voit le jour à Pau en France en 1856.

Une tenace légende dit que les quatre lettres du mot golf seraient les initiales de « Gentlemen only ladies forbidden ».
Cette blague aussi machiste que cocasse est totalement fausse. Même si certains golfs sont longtemps restés réservés aux seuls hommes, le premier club de golf pour les dames existe depuis 1867 et il n’est rien moins que le célèbre « the ladies golf club at Saint Andrews ».

Nouvelle-Zélande en 1871 (The Otago golf club de Dunedin)

 

Premier parcours sur le continent américain au Canada en 1873

(The Royal Montreal golf club, par Alexandre Dennistoun immigré écossais)

Bengalore en Inde 1876 (The Bengalore golf club)

Irlande en 1881 (The Royal Belfast golf club)

Afrique du Sud 1885 (The Royal Cape golf club)

New York aux Etats-Unis en 1888. A Yonkers plus précisément, où John Reid

a d’abord créé trois trous rudimentaires avant de réaliser dans la même année/

 

Le premier club de golf des USA.

Ces mêmes années1887/1888 vit naître en France les golfs de Dinard et

Biarritz (Le phare)

Hong Kong 1889 (The Royal Hong Kong golf club)

Dinard 1890

«Pornic (44) et Granville (50) ont fêté leurs centenaires en 2012»

Les 13 règles de Leith

Voici les Règles établies en 1744 à Leith par l’Honorable Compagnie des Gentlemen Golfeurs :

1/ Vous devez mettre votre balle sur un tee à une longueur de club du trou précédent.

2/ Le tee doit être un peu surélevé par rapport au sol.

3/ Vous ne devez pas changer la balle que vous avez tapée sur le tee.

4/Vous ne devez pas déplacer les pierres, les os, ou aucun morceau de club pour l’intérêt de jouer votre balle sauf sur le green et seulement à moins d’une longueur de club de votre balle.

5/ Si votre balle va dans l’eau, ou sur toute surface d’eau, vous avez la possibilité de la sortir et de la poser derrière l’obstacle, de la remettre sur un tee, et vous pourrez la jouer avec n’importe quel club, mais vous rendrez un point à votre adversaire pour avoir ainsi sorti votre balle de l’eau.

6/ Si les balles se retrouvent où que ce soit, proches à se toucher, vous devez relever la première balle, même si vous jouez le dernier.

7/ Jouer honnêtement et non pas jouer sur la balle de votre adversaire, si elle n’est pas dans la ligne vers le trou.

8/ S’il vous arrive de perdre votre balle, parce qu’elle aura été ramassée ou de n’importe quelle autre façon, vous devez revenir à l’endroit où vous avez joué votre coup, jouer une autre balle et rendre un point à votre adversaire pour cette malchance.

9/ Toute personne qui tente de rentrer sa balle dans le trou n’a pas le droit de s’aider en marquant sa ligne vers ce trou avec un club ou quoi que ce soit d’autre.

10/ Si une balle est arrêtée par quelqu’un, un cheval, un chien ou quoi que ce soit d’autre, la balle ainsi stoppée doit être jouée là où elle s’est arrêtée.

11/ Si vous lancez votre club dans le but de jouer un coup et que vous allez assez loin dans votre mouvement pour redescendre le club vers la balle, et si, par exemple, le club se casse à ce moment-là, vous compterez le coup.

12/ Celui dont la balle est la puis éloignée du trou doit jouer d’abord.

13/ Aucune tranchée, aucun fossé ou creux fait pour la préservation du links, ni les trous des écoliers, les lignes des soldats ne doivent être considérés comme des obstacles, mais si la balle y tombe elle sera relevée, remise sur un tee, et jouée sur un club en fer. John Rattray, Captain.

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